Mar 24 2011

Marine le peine et Jean-Michel a pitié.

J’attends le jour où un journaliste saura interviewer Marine Le Pen sans ressortir les mêmes basses manœuvres, les mêmes vieilles ficelles usées. Un journaliste qui se serait penché sur le programme, l’aurait lu avec attention et en aurait scrupuleusement démonté l’argumentaire caricatural. Puis il laisserait venir Marine Le Pen, en confiance, sans l’agresser, sans la mettre en position de victime.  Et après quelques questions de mise en jambes, il taperait là où ça fait mal, avec des vraies questions de fond. En considérant, pour une fois, que l’auditeur est intelligent, qu’il peut comprendre pourquoi le Front National ne propose pas grand chose qui ressemble de près ou de loin à un futur enviable. Pas en lui brandissant l’épouvantail habituel, « bouuuuh attention grand méchant regardez ils mangent des enfants ! »

Quelqu’un qui n’aurait pas ressorti la compile de Papa Le Pen, ses meilleurs blagues, ses bons mots, tout le monde connaît le spectacle par cœur. Quelqu’un qui, par son attitude et ses questions justes, n’encouragerait pas le téléspectateur lambda, un peu naïf mais plein de bon sens, à se dire « Mais pourquoi on lui coupe la parole comme ça, pourquoi on lui ressort les mêmes arguments pourris, pourquoi le journaliste il est pas capable d’arrêter d’écumer de rage en la voyant, pourquoi il veut l’humilier comme ça ? C’est pas son métier, de poser des questions de fond plutôt que de la jouer duel à mort ? Moi je trouve qu’elle a raison de pas se laisser bouffer, tout le monde est contre elle, on l’empêche de dire la vérité ! ».

Oui, il nous faudrait quelqu’un, venu d’une autre planète, qui saurait faire simplement son métier de journaliste. Quelqu’un qui, par exemple, ne serait pas Michel Denisot :

Oui je sais, je suis vraiment désolé, il est tard et je vous propose une vidéo du Grand Journal, et avec Marine Le Pen en plus. Heureusement j’ai mis la vidéo en taille réduite, comme ça si vous scrollez vite vers le bas vous pouvez faire semblant de pas l’avoir vue, et votre vie n’en sera que plus belle. J’ai aussi fait un jeu de mot de merde en titre pour aider à faire passer la pilule alors bon, venez pas vous plaindre que je fais pas d’efforts.


Mar 17 2011

Le troupeau communautaire

Je le confesse, j’ai un plaisir coupable. Je consulte régulièrement le programme télé en ligne sur un site de la plus haute qualité qui soit : programme-tv.net, créé par Télé-Loisirs. Le site a l’avantage de présenter le programme de la soirée des principales chaînes de télévision sur une page, et ainsi, en quelques coups de molette de souris que je n’ai pas, je peux voir tout ce qu’il y a d’inintéressant à la télé le soir même.
En soi, rien de bien condamnable, mais à côté de la colonne des programmes, horreur, il y a la section « News ». La section News du site, c’est un peu le Voici, Paris-Match ou Closer du pauvre. Il s’y trouve toujours des informations capitales rédigées par des journalistes sérieux (souvenez-vous…), et je ne manque pas régulièrement de m’égarer sur quelques-uns de ces morceaux de littérature.

Mais venons-en au fait. Aujourd’hui, une brève sur « Rebecca Black : L’ado dont l’Amérique se moque » . Merde. Jamais entendu parler. Mais moi aussi je veux me moquer, alors je m’empresse d’aller lire cette folle histoire. On apprend que Rebecca a fait une chanson pourrie qui parle du vendredi, et le vendredi c’est trop cool car c’est bientôt le week-end trop génial quoi (ah, au passage, notez les quelques mots d’intro : Malgré son nom de scène, la jeune Rebecca Black n’est pas une artiste gothique, ni une actrice de Twilight. Trop fort ! Grâce à cette astuce vous faites une accroche réellement géniale à peu de frais. Moi j’ai trouvé Malgré son nom réel, Isabelle Carré n’a aucun rapport professionnel avec les hexaèdres réguliers, ou En dépit de son nom, Christian Clavier n’a jamais été mis sur la touche. N’hésitez pas à partager vos meilleures phrases d’accroche ! C’est trop bien le journalisme ! Mais je m’égare, revenons à nos moutons, car il ne s’agit que de cela).

Donc mademoiselle Black a pondu une bouse sonore, abêtissante et au texte aussi inspiré qu’une blague d’un Laurent Ruquier des grands soirs. Bien, une fois passé ce constat, où va-t-on ? Le sage s’en retourne à ses occupations, et laisse Rebecca replonger dans le néant.

Mais hélas, c’est là qu’intervient la toute puissance d’Internet. A l’heure actuelle la vidéo du clip a été vue près de 11 millions de fois, plus qu’abondamment commentée par les moqueurs de tout poil, parodiée, raillée, huée. Même, nous apprend l’article, Tania Bruna-Rosso, la spécialiste « tendances » du Grand Journal de Canal+, en a parlé. Alors même si la grande Tania (dont le métier consiste essentiellement à être jolie, à traîner sur Internet, à aller dans les soirées chic et à parler de gens qui font déjà parler d’eux, en bourrant ses phrases d’expressions toutes faites comme « faire le buzz », « girly », « mode », « pop », et autres) a décrié Rebecca, je crois qu’on peut y aller gaiement, tapons sur Rebecca.

Je ne vais pas m’éterniser sur la question, d’autant qu’elle m’épuise à chaque fois que je tombe sur un « phénomène » (encore un mot affectionné par notre chère Tania) du genre. Il y eu Justin Bieber, Twilight, Tokio Hotel et bien d’autres. Là où la décence et le bon sens invitent à l’indifférence, Internet se mobilise et tire toujours sur l’ambulance. Bravo, vous êtes le cent-millionième à avoir fait une blague sur Justin Bieber, parce que quand même, lol, comment c’est nul!!!! Bravo, la finesse de votre jugement laisse sans voix. Vous êtes puissant, spirituel, un esprit éclairé et lucide à qui on ne la fait pas. Et puis c’est tellement fun de partager le lol ! Vagissons ensemble dans la même direction, confortablement lovés dans l’abrutissante bêtise du groupe.
Et après la fin de la curée, retournons joyeux vers le dernier totem que le même troupeau adule avec un néant de réflexion similaire.

De grâce, la prochaine fois qu’on vous parle de Justin Bieber, qu’on vous envoie un lien vers  la vidéo de Rebecca Black, qu’on vous incite à rire du dernier loser à la mode sur Internet, tournez poliment les talons.

Hurler avec les loups

Malgré son nom de scène, la jeune Rebecca Black n’est pas une artiste gothique, ni une actrice de Twilight.


Déc 1 2010

Delon, sans maquillage

Hier, j’ironisais quelque peu sur la télévision et les millions de téléspectateurs de Bienvenue chez les Ch’tis. Oh, je me moquais gentiment, avec ce un sourire un peu désabusé de celui qui ne va pas tirer sur l’ambulance, parce que c’est trop facile. Cette télé si souvent creuse, ce « prisme déformant » qui accentue la laideur des hommes avec une telle habileté, arrive pourtant encore parfois à renvoyer une belle image.

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Nov 30 2010

HEIN BILOUTE !

Oui, je sais. Novembre est déjà un mois suffisamment pénible pour qu’on n’y rajoute pas  des cris primitifs et sauvages.
Bon, soyez sans crainte, j’arrête tout de suite mon racisme anti-ch’ti, pas que j’aie des remords, mais c’est quand même terriblement has-been de dire du mal de Bienvenue chez les Ch’tis fin 2010 alors que le film est sorti en février 2008. Aujourd’hui les vrais rebelles disent du mal de Twilight, faut vraiment que je me mette à la page.

Pourquoi reparler aujourd’hui de ce film que la France entière a vu deux fois (sans doute pour mieux saisir les subtilités scénaristiques) ? Parce que la France entière a jugé qu’il y avait encore des choses à creuser dans cette merveille du septième art et s’est massivement avachie devant son écran HD dimanche soir pour la première diffusion du film à la télé. Forcément sur TF1, qui a battu des records d’audience et engrangé des millions d’euros de recettes avec les épaisses tranches de pub subtilement glissées avant, pendant et après la diffusion. 14, 4 millions de personnes se sont donc couchées dimanche soir avec la satisfaction d’avoir enfin compris, ça y est, cette fois, c’est sûr, pourquoi les gens du nord, on pense que ce sont des rustres alors qu’en fait ils ont le cœur sur la main.
Mince, 28 millions de Français soignent leur déprime d’un dimanche soir de novembre en regardant la télévision, et plus de la moitié est mal au point de rereregarder Bienvenue chez les Ch’tis. Ça fout les jetons.

Même moi, qui sait, si j’avais pas eu mieux à faire, si par hasard j’étais tombé dessus, si j’avais été dépressif à un stade avancé, j’aurais peut-être pu être de ceux là. Comme je le signalais dans ma page À propos, je suis une honte nationale, je n’ai pas encore vu ce fleuron du cinéma français. Et, aussi fou que cela puisse être, j’arrive encore à vivre à peu près bien, malgré mon inculure crasse. M’enfin quand même, parfois, on se sent exclu. Tenez, pas plus tard qu’aujourd’hui, en jetant un œil à un site qui donne le programme télé, je suis tombé sur ce sondage cruel, quoique dépassé :

bilouteDevant l’impossibilité de faire un choix, je n’ai pu que pleurer de rage et de dépit. Oui, en France, il est devenu tellement évident que tout le monde a vu le film que l’on ne tient même plus compte des quelques misérables qui l’auraient manqué, et on les stigmatise insidieusement par des sondages où ils ne peuvent pas voter. Quand se décidera t-on enfin à agir contre le racisme envers les ignares en ch’timitude ?