Juin 11 2016

La coupure

Encore une réflexion relative au départ. Car oui, je repars explorer un coin du monde, en solitaire, après deux ans en France. Destination Chili, pour une durée à nouveau indéterminée pouvant s’étendre à un an maximum, grâce un nouveau visa vacances-travail ouvert récemment.

En préparant mon sac, je me disais qu’elle était bien étrange, cette sensation au moment de partir. Il est assez peu fréquent d’être ainsi dans une situation de coupure temporelle aussi marquée. D’être dans un avant, et savoir que l’après sera complètement autre chose, loin de tout cadre connu auquel se rattacher. Les choses habituelles prennent une coloration différente, comme si on les regardait d’un œil neuf. Tout un environnement connu, intériorisé au point qu’on ne le regarde même plus, semble réapparaître.
Puisque tout est vu pour une dernière fois avant longtemps, on regarde avec plus d’attention, d’intérêt. Toutes ces choses si habituelles hier deviennent subitement précieuses, on aimerait les garder un peu plus longtemps, encore un peu.

Mais quand la date du départ est fixée, tout effort de capter ainsi les minutes qui passent est vain. Le départ se rapproche, inexorablement, inéluctablement. Il est rare de sentir ainsi le temps qui passe, lui qui bien souvent file dans notre dos, dans notre plus parfaite indifférence. Jusqu’à ces moments où une date précise vient se fixer sur notre horizon, un mur inamovible sur lequel tôt ou tard on viendra buter, et il faudra alors sauter par dessus (jusqu’au dernier mur, sur lequel chacun finit forcément par se fracasser, mais nous éviterons ces considérations morbides pour le moment).

Voilà, aujourd’hui un nouveau mur est devant moi, c’est moi qui l’ai placé ici, et je fonce droit dessus, que je le veuille ou non. C’est angoissant bien sûr, surtout que je ne sais pas vraiment ce qui m’attend de l’autre côté. Il ne sert à rien d’essayer de freiner, les secondes filent entre les doigts. Ce soir je vais mal dormir, impatient et inquiet face à un tout nouvel horizon.

Ceci est le début de mon récit de voyage en Amérique du Sud. Il ne prendra peut-être pas la forme très cadrée de mes épisodes de voyage en Nouvelle-Zélande. J’ai davantage envie d’écrire les choses au moment où je les vis, ou presque. Je veux au maximum garder une spontanéité dans l’écriture. Cela donnera peut-être lieu à des textes moins travaillés, moins longs, mais il sera plus facile pour moi de les écrire plus fréquemment, au moment où les souvenirs sont encore très frais. Mais ça, ce sont mes bonnes volontés de début de voyage, on verra comment les choses évoluent avec le temps…


Juin 11 2016

NZ ?? : To be finished…

J’finis pas mes phrases
J’connais pas les points
J’commence après-demain
J’contrôle pas l’destin
Rien n’est assez bien
J’finis jamais rien
Manquerait la moitié des traits si j’devais t’faire un dessin
[…]
Casseurs Flowters – Inachevés

Bon, j’imagine que la fin de l’histoire devra attendre. Je suis bien meilleur pour commencer des trucs que pour les finir. D’ailleurs…


Sep 29 2015

NZ 20 : Le monde perdu

Dans l’épisode précédent…

Après avoir traversé la Nouvelle-Zélande jusqu’à son extrémité sud, notre héros, accompagné de son infatigable acolyte, a quitté Invercargill pour gagner l’île perdue de Stewart Island, à la recherche du kiwi, le mystérieux oiseau des légendes néo-zélandaises. Armé de patience et détermination, leur quête hardie s’avéra fructueuse, parvenant même, contre toute attente, à ramener un cliché de l’animal mythique. Leur quête accomplie au delà de toute espérance, nos deux compagnons reprirent place dans le vaillant esquif assurant leur retour, non sans un amer adieu à l’île aux merveilles.

Bien qu’ayant atteint la borne sud du pays, je ne fais pas pour autant mes adieux à la Terre du long nuage blanc. Il me reste encore beaucoup à voir et je compte bien mettre à profit les deux petits mois que m’autorise encore mon visa vacances-travail pour découvrir d’autres merveilles.

Nous avons retrouvé Invercargill, la ville sans âme, pour une fade fin d’après-midi passée à chercher le moindre petit bar ouvert pour y boire un coup. Dans le simili-pub irlandais où quelques habitués désoeuvrés se fondent dans la déprimante ambiance qui suinte du papier-peint, Jérémy et moi nous évadons de l’endroit en ressassant les images de « notre » île. À 21h, le serveur nous invite avec une politesse administrative à nous diriger vers la sortie, et, bien que la situation nous laisse assez interloqués, nous partons sans regrets.

Le lendemain, nous montons dans un bus en direction du Fiordland. Cette région sauvage et très peu peuplée (oui, très peu peuplée même pour la Nouvelle-Zélande, c’est dire) occupe la zone sud-ouest de l’Île du Sud, et est pourtant l’une des plus touristique du pays. Comme son nom l’indique, le Fiordland est la terre des fiords (ou fjords, si vous tenez à l’orthographe traditionnelle), ses vallées furent creusées, lentement mais sûrement, pendant 100 000 ans par le mouvement des immenses glaciers qui recouvraient la région. Quand cette période glacière prit fin il y a environ 10 000 ans, le retrait des glaces a laissé le champ libre à l’océan qui s’est invité dans ces profondes vallées. La fonte des glaces a aussi donné naissance au plus grand lac de l’île du sud, le lac Te Anau. Le village qui porte le même nom s’est développé sur ses rives et constitue un point d’ancrage pour la plupart des touristes désirant explorer la région. Avec ce lac qui s’étend à ses pieds et les montagnes en arrière-plan, on pourrait trouver étape plus désagréable.

Lake Te Anau Lire la suite


Mai 9 2014

NZ 19 : L’île du bout du monde

On m’a beaucoup vanté les mérites d’Invercargill, la ville la plus au sud du pays : c’est moche, c’est nul, y’a rien à faire, la météo est pourrie, etc. Personnellement, la première chose qui me frappe quand notre bus arrive dans la place, c’est : Invercargill, c’est plat. Une grande crêpe avec des rues interminables et des maisons plantées à intervalles réguliers dans ce grand quadrillage. Ça a quelque chose d’impressionnant. Au delà de ça, après quelques déambulations dans ce qui sert de centre-ville, je dois reconnaître que les qualités précitées ne sont pas franchement fantasmées : c’est sûr, c’est pas joli joli. Quelques bâtiments un peu kitch mais atypiques cassent la monotonie, mais pas franchement de quoi tomber à la renverse. Il y a un nombre relativement important de boutiques et maisons abandonnées ou fermées, ce qui ne renforce pas follement l’attrait du lieu. Mais il fait beau et bon dans les rues, ça sent le soir d’été ; je n’avais pas ressenti ça depuis longtemps.

Tuatara statue - Invercargill

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Mar 28 2014

NZ 18 : L’Écosse des antipodes

Dunedin, cette ville que je prononce mal une fois sur deux. C’est pas « Dunedine », c’est « Deniden ». Que je ne vous attrape pas à mal le prononcer dans votre tête en lisant cet article.
L’origine de la ville est cachée derrière ce nom : fondée en 1848 par les Écossais, Dunedin ne signifie rien d’autre qu’Edinburgh (Édimbourg) en gaélique écossais.
Dunedin, donc (qui s’est déjà planté sur la prononciation et sera collé samedi ?), est ma nouvelle destination. J’y retrouve trois potes français rencontré à Queenstown. L’auberge qu’ils ont choisi est également perchée sur les hauteurs de la ville mais n’a rien d’extraordinaire, le proprio n’en a plus grand chose à faire puisqu’il vend l’endroit mi février. Mais tout est très correct, et puis surtout Internet y est gratuit, illimité et sans restriction d’aucune sorte : une grande première dans tout mon séjour en Nouvelle-Zélande.
Côté météo, c’est pas la joie. Franchement pas chaud pour un mois de janvier néo-zélandais et les nuages et la pluie s’invitent régulièrement. Mais tout peut changer très vite et nous profitons de la moindre éclaircie pour tenter une sortie. L’une d’elle nous porte jusqu’à la rue la plus pentue du monde, avec l’approbation du Livre des Records, s’il-vous-plaît. Je crois surtout que personne ne s’est franchement emmerdé à vérifier et n’a encore eu l’idée saugrenue de suggérer le contraire. Quoi qu’il en soit, la grimpette est plutôt rude et a de quoi de vous laisser quelque peu haletant au sommet.

Baldwin Street

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