Avr 4 2011

Vieux con à bord

Aujourd’hui j’ai suivi une voiture avec l’autocollant « Bébé à bord », ce qui m’a plongé dans une intense réflexion. Pourquoi décorer l’arrière de son véhicule avec cet écriteau ? Après avoir tourné le concept dans tous les sens, j’en suis arrivé à l’unique conclusion que c’était pour qu’on fasse effectivement davantage attention à l’automobile située devant nous parce qu’elle contenait un chiard.

Est-ce la version civilisée du cri de la mère épouvantée  alors que sa diligence est attaquée par des brigands, « Oh mon dieu, prenez ma brosse à dent, mon revolver, la voiture, mais vous n’aurez pas ma liberté de penser épargnez mon gosse !! » ? Les chevaux des bandits de grand chemin sont désormais sous leur capot, et ils terrorisent la veuve et l’orphelin sur l’asphalte. Grâce à ce message, le conducteur modèle espère faire un instant briller dans l’âme sombre du malandrin la flamme presque éteinte de son humanité. Lui faire comprendre que oui, il peut tuer les gens, mais alors plutôt la voiture de devant là, c’est un connard, il a pas de mouflet, je crois même qu’il est pas marié !!!

Je pense que cet avertissement doit aussi être une déclinaison du prototype de la future maman qui avance fièrement son ventre rond à la caisse du supermarché, ou de celle qui a déjà délesté dans une poussette le fruit de ses entrailles, avec des airs de « Excusez-moi mais laissez passer, je suis la déesse mère, je procrée pour la France ». « Bébé à bord », c’est un peu ça également, un côté « Hey, t’as vu, j’ai des gosses et pas toi, loser ! ».

Char bébé à bord

Il n'avait pas son autocollant "Bébé à bord".

Moi je trouve ça un peu dégueulasse pour ceux qui n’ont pas de progéniture et qu’on peut par conséquent envoyer joyeusement faire des tonneaux par dessus la rambarde de sécurité. J’attends donc avec impatience la commercialisation d’une palette plus large de ces autocollants, qui permettraient ainsi la mise en lumière d’autres qualités des occupants de l’habitacle, comme par exemple « Bac + 5 à bord », « Bac + 2 à bord ouais je sais c’est pas non plus incroyable mais j’ai été malade », « Normalien à bord », « A fait demi-finaliste à la Star Ac’ à bord », « Mille millions de mille s’à bord », « Bon français à bord », ou même « A voté Sarkozy à bord » (quoique ce dernier intitulé pourrait être la cause de davantage d’accidents qu’un gage supplémentaire de sécurité).
Ainsi, un beau matin, quand Monsieur Martin décidera que tiens, aujourd’hui, il va avoir un accident avec sa voiture, il pourra choisir avec plus de discernement qui il va faire périr dans d’atroces souffrances : « Ah flute, lui c’est un « Boucher-charcutier à bord », ça m’emmerderait quand même de le tuer, j’adore les rillettes. Ah par contre lui c’est un « Propriétaire de petit chien qui pue à bord », j’vais m’le faire, ça me vengera du voisin de palier qui me fait chier tous les matins avec son teckel ! ».

Quand j’aurai 80 balais, je collerai un carré « Vieux con à bord » sur ma lunette arrière. Handicapé par ma mauvaise vue et mes réflexes hésitants, j’emmerderai les jeunes à rouler à 30 à l’heure sur les routes dans ma vieille voiture électrique (la voiture électrique sera dépassée en 2037, remplacée massivement par un véhicule moderne roulant au gaz hydro-végétal de jus de pâquerettes, supra-écolo, ne rejetant dans l’atmosphère que de la vapeur d’eau, des effluves de fleurs et des rossignols : comme ça sera bien le futur !). Je prendrai ainsi ma revanche sur les anciens de mon époque qui roulent toujours au pas, sans doute pour moins user les pneus (les vieux sont radins, c’est connu), toujours sur les routes où on peut pas doubler. Grâce à cette flambante étiquette, je fournirai à ceux qui me collent au train la possibilité de s’énerver avec raison (« Putain il avance pas devant !! Je parie que c’est encore un vieux !! – Oui c’est marqué, regarde ! ») et leur ferai goûter mon sens de l’autodérision, pendant que je savourerai avec délice mon doigt d’honneur à leur insolente jeunesse.


Mar 28 2011

Le nuage d’infos toxiques

Une autre brève d’actualité sur les dégâts provoqués par le tsunami sur la centrale de Fukushima au Japon. Outre le problème en lui-même, sur lequel je ne m’étendrai pas parce je n’en ai pas les compétences et parce que s’étendre sur une centrale nucléaire qui fuit, c’est malsain, il est « rigolo » de constater avec quel empressement les médias nous balancent des chiffres qui ne disent absolument rien à personne, que les journalistes eux-mêmes ne comprennent pas, mais qui font bien dans un papier.

Ya

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Jan 11 2011

Liste de bouquins #1

Liste de bouquins à lire quand j’aurai le temps, avec précision sur leur état d’avancement ainsi que leur localisation géographique dans mon appartement

  • Henry de Montherlant, La Reine morte
    Pas commencé
    Sur la pile de choses à droite sur mon bureau
  • Albert Camus, L’exil et le royaume
    Lu quelques-unes des nouvelles du recueil
    Sur la pile de choses à gauche sur mon bureau
  • Honoré de Balzac, Illusions perdues
    Lu environ 25 pages sur 800 et quelques. Erre là depuis un moment. Bon pour recommencer à lire depuis le début.
    Sur une autre pile  de choses dans un coin du bureau
  • Luigi Pirandello, Six personnages en quête d’auteur, suivi de La volupté de l’honneur
    En cours de lecture
    Sur le lit
  • Carlo Ginzburg, Le fromage et les vers
    Pas commencé
    Sur une chaise
  • Alfred de Musset, La Confession d’un enfant du siècle
    Feuilleté hier soir
    Sur la table de nuit
  • Jean Racine, Iphigénie
    Lu il y a longtemps. À relire.
    Sur l’étagère
  • Molière, Le Tartuffe
    Commencé dans un train, un jour, jamais repris depuis.
    Dans la pile de choses à droite sur mon bureau
  • San-Antonio (alias Frédéric Dard), Tango chinetoque
    Commencé, interrompu trop longtemps. Bon pour recommencer à lire depuis le début.
    Sur le placard

J’aperçois aussi à proximité L’Étranger d’Albert Camus et J’irai cracher sur vos tombes de Boris Vian, que je relirai sûrement un jour, mais que j’ai lu il y a peu, alors ça attendra.
Deux constats s’imposent : primo, ça serait pas mal de ranger un peu, deuzio, j’ai encore quelques heures de lecture devant moi. Ce qui ne m’empêchera sans doute pas d’acheter d’autres livres avant d’avoir ne serait-ce qu’entamé ceux-ci.

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Nov 30 2010

HEIN BILOUTE !

Oui, je sais. Novembre est déjà un mois suffisamment pénible pour qu’on n’y rajoute pas  des cris primitifs et sauvages.
Bon, soyez sans crainte, j’arrête tout de suite mon racisme anti-ch’ti, pas que j’aie des remords, mais c’est quand même terriblement has-been de dire du mal de Bienvenue chez les Ch’tis fin 2010 alors que le film est sorti en février 2008. Aujourd’hui les vrais rebelles disent du mal de Twilight, faut vraiment que je me mette à la page.

Pourquoi reparler aujourd’hui de ce film que la France entière a vu deux fois (sans doute pour mieux saisir les subtilités scénaristiques) ? Parce que la France entière a jugé qu’il y avait encore des choses à creuser dans cette merveille du septième art et s’est massivement avachie devant son écran HD dimanche soir pour la première diffusion du film à la télé. Forcément sur TF1, qui a battu des records d’audience et engrangé des millions d’euros de recettes avec les épaisses tranches de pub subtilement glissées avant, pendant et après la diffusion. 14, 4 millions de personnes se sont donc couchées dimanche soir avec la satisfaction d’avoir enfin compris, ça y est, cette fois, c’est sûr, pourquoi les gens du nord, on pense que ce sont des rustres alors qu’en fait ils ont le cœur sur la main.
Mince, 28 millions de Français soignent leur déprime d’un dimanche soir de novembre en regardant la télévision, et plus de la moitié est mal au point de rereregarder Bienvenue chez les Ch’tis. Ça fout les jetons.

Même moi, qui sait, si j’avais pas eu mieux à faire, si par hasard j’étais tombé dessus, si j’avais été dépressif à un stade avancé, j’aurais peut-être pu être de ceux là. Comme je le signalais dans ma page À propos, je suis une honte nationale, je n’ai pas encore vu ce fleuron du cinéma français. Et, aussi fou que cela puisse être, j’arrive encore à vivre à peu près bien, malgré mon inculure crasse. M’enfin quand même, parfois, on se sent exclu. Tenez, pas plus tard qu’aujourd’hui, en jetant un œil à un site qui donne le programme télé, je suis tombé sur ce sondage cruel, quoique dépassé :

bilouteDevant l’impossibilité de faire un choix, je n’ai pu que pleurer de rage et de dépit. Oui, en France, il est devenu tellement évident que tout le monde a vu le film que l’on ne tient même plus compte des quelques misérables qui l’auraient manqué, et on les stigmatise insidieusement par des sondages où ils ne peuvent pas voter. Quand se décidera t-on enfin à agir contre le racisme envers les ignares en ch’timitude ?