NZ 7 : Tranches de kiwi

En attendant plus de détails sur où je suis et ce que je fais actuellement, une petite compilation d’anecdotes et impressions diverses sur la Nouvelle-Zélande collectées depuis mon arrivée. Ce ne sont que mes perceptions, je ne prétends pas que tout ce qui est dit ici est la pure vérité.

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L’hiver dans le nord de la Nouvelle-Zélande, pour ce que j’ai pu en expérimenter, est plutôt agréable. La météo ici est assez versatile, et en quelques minutes on peut passer d’un ciel dégagé et ensoleillé à des trombes d’eau, qui elles-même ne durent jamais très longtemps. Il fait rarement froid, les températures restent très douces comparées aux hivers français, qui ne sont pourtant pas si terribles. C’était le point Joël Collado.

La Nouvelle-Zélande est proche du « fameux » trou dans la couche d’ozone situé au dessus de l’Antarctique. Du coup, le soleil est mordant ici : il y a quelques jours, j’étais en train de lire dehors au soleil, en t-shirt, et j’ai dû rentrer me mettre à l’ombre : j’avais la sensation d’avoir trop chaud, alors qu’il ne faisait probablement même pas 20°C. La plupart du temps, c’est plutôt agréable, il fait plutôt bon même quand la température de l’air n’est pas très élevée, l’aspect négatif étant que l’on peut choper des coups de soleil avec trois fois rien, et que la Nouvelle-Zélande possède un taux record du nombre de cancers de la peau. Mais avouons que ces quelques inconvénients sont bien peu de choses face à un joli bronzage hivernal.

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En Nouvelle-Zélande, on roule à gauche, comme en Angleterre, au Japon ou en France quand on a trop picolé. J’ai expérimenté la conduite, même si je n’ai pas spécialement l’intention immédiate d’acheter un véhicule ici. Ce n’est pas très compliqué si l’on n’oublie pas quelques règles de base : en quittant un stationnement ou un chemin pas trop large, prendre la seconde nécessaire pour bien réfléchir à quel côté positionner son véhicule sur la chaussée. Ce faisant, on évitera l’intéressante quoique courte confrontation avec un autre usager de la route fonçant droit sur vous en sens inverse.

Si vous n’y êtes pas habitué, conduire une voiture avec le volant à droite vous vaudra immanquablement quelques jolis instants de ridicule : on ouvre la portière côté passager au moment de prendre le volant ou on met les essuie-glaces pour indiquer que l’on va tourner. Le levier de vitesse à gauche a aussi un aspect déstabilisant, mais rien de bien compliqué. La Nouvelle-Zélande compte aussi un nombre assez important de véhicules automatiques, qui sont plutôt faciles à prendre en main même si vous êtes habitué aux boîtes manuelles.

Le truc à la mode ici, c’est d’avoir une plaque d’immatriculation personnalisée avec son prénom, un mot rigolo, une accroche virile, etc. Il n’y a pas de contrainte obligatoire sur la forme, du genre deux lettres trois chiffres deux lettres, les poètes de la route peuvent s’en donner à cœur-joie. Si vous n’avez pas pu avoir votre nom en toutes lettres, rien ne vous empêche de tricher un peu avec du leet speak. J’ai ainsi pu reconnaître MAR1E et SIM0N sans jamais leur demander leur prénom, une petite dame descendre de son véhicule jaune pétant immatriculé H0TMUM, un vieux van fièrement tagué RELIC ou un collector sobrement intitulé NZ. Apparemment ce genre de joujou pour grandes personnes coûte plutôt cher, mais on ne saurait nier qu’on peut difficilement mieux investir son argent.

En tant que piéton, je suis toujours en proie à un profond désarroi au moment de traverser une route. Il faut réapprendre à regarder du bon côté, réfléchir à quel côté les voitures arrivent. Je ne sais pas ce qui est le plus ridicule, s’arrêter à chaque fois une demi-seconde afin de savoir où regarder, ou regarder dix fois de chaque côté sans utiliser son cerveau. Personnellement et pour une inefficacité maximale, j’alterne régulièrement entre les deux options.

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Dans les banlieues tranquilles d’Auckland, quand on jette un œil curieux par dessus les clôtures et les haies des propriétés, il n’est pas rare de voir le bateau garé à côté de la voiture des propriétaires. Au début ça surprend, après on s’y fait.

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S’il vous prend l’envie de regarder un programme ou un film à la télé néo-zélandaise, vous risquez d’être assez vite assommé. En France, on peste quand TF1 ose nous coller deux coupures publicitaires au milieu de la 287e rediffusion des Bronzés font du ski. Ici, il n’est pas rare d’avoir d’avoir une petite dizaine de tranches de pub au milieu d’un film d’une durée moyenne. C’est tout simplement insupportable. On m’a dit qu’à cause de la faible population du pays, il fallait bien trouver les financements quelque part, d’où la régularité métronomique de l’avalanche vociférante. Elles sont plutôt plus marrantes et mieux foutues que nos pubs françaises, mais bon, quand on voit passer pour la cinquième fois de la soirée la pub rigolote avec le chien Wilson, l’effet comique s’émousse quelque peu. Heureusement, il existe une astuce qui permet de ne plus avoir de pub et que je mets très souvent en pratique : ne pas regarder la télé. De toute façon, à quelques exceptions près la télé néo-zélandaise ne propose pas grand chose de fabuleux, et ressert copieusement des programmes piqués un peu partout dans le monde anglophone.

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J’ai commencé à expérimenter les « sandflies », ces petits moucherons d’apparence inoffensifs qui sont tous aussi efficaces que les moustiques pour créer de jolis boutons qui démangent. La différence, c’est qu’ils sont très petits (2 ou 3 millimètres) et n’ont pas le bruit caractéristique du moustique en quête de sang. Les éviter est un petit jeu intéressant que je perds pour l’instant lamentablement.

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Ah, ce premier matin où l’on se réveille quelque part à la campagne, et où l’on sait qu’on est loin de chez soi sans ouvrir les yeux : tous ces oiseaux qui fredonnent des chansons inconnues.

A propos d’oiseaux, trois autochtones exotiques pour nous mais communs ici :

Le tui est un oiseau de taille moyenne, dont le plumage noir se pare de jolis reflets bleus quand il accroche la lumière, et possédant deux petites touffes de plumes blanches à la base du cou, sorte de nœud-papillon rembourré. Quand on écoute les oiseaux pour la première fois en Nouvelle-Zélande, on se dit « C’est fou tous ces cris différents, ça doit grouiller d’oiseaux exotiques. ». En fait, pas tellement : le tui possède un répertoire assez impressionnant, du chant mélodieux au cri rauque, est capable d’imiter de nombreux bruits de l’environnement, et même la voix humaine.

Le kereru (de son nom maori) ou carpophage de Nouvelle-Zélande (de son nom piqué sur Wikipédia) est une espèce de pigeon endémique du pays. Comparé à nos moches pigeons gris, le kereru a une certaine classe : tête et poitrail bleu-vert, ventre blanc, bec et yeux rouges. Il est en revanche beaucoup plus massif et lourdaud, on a l’impression que voler lui demande un effort dont il se serait bien passé.

Si vous vous baladez dans un parc, un jardin, une forêt, vous verrez sûrement un petit oiseau voleter constamment à deux ou trois mètres de vous, sautillant de branche en branche dans un vol saccadé, rapide et en apparence complètement chaotique. Le fantail néo-zélandais (rhipidure à collier en bon français) a la taille d’un moineau, et les plumes de sa queue forment l’éventail dont il tire son nom anglais. S’il passe son temps à vous tourner autour, c’est que vous dérangez en marchant des petits insectes qu’il est heureux de capturer en plein vol.

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Les Néo-Zélandais ont un rapport curieux à l’écologie. S’il tiennent plus que tout à protéger leur faune et leur flore si singulières, cela ne les empêche absolument pas d’avoir une quantité de gros pick-ups ou 4×4 impressionnante, de faire encore de l’épandage d’engrais dans les champs avec des avions, de vous donner 50 sacs plastiques pour trois produits achetés au supermarché, de déverser leurs égouts directement dans la mer.

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Si vous venez en Nouvelle-Zélande pour voir tous les lieux de tournage du Seigneur des Anneaux, réjouissez-vous : une multitude de guides touristiques vous indiqueront précisément où vous rendre un peu partout dans le pays pour vous émerveiller devant une montagne, une forêt ou un vague court d’eau où il n’y aura pas grand chose de reconnaissable si ce n’est une montagne, une forêt ou un vague court d’eau. Il n’y a plus de décors et bien sûr, pas d’effets spéciaux dans la vraie vie. La seule chose assez nettement identifiable, c’est la Comté, le village des Hobbits. Comptez 75$ pour voir des collines herbeuses avec des portes rondes, et juste un mètre de décor derrière (pour faire la jonction avec les intérieurs construits en studio).

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En Nouvelle-Zélande, non seulement on vous dit bonjour quand vous passez à la caisse du supermarché, mais on vous demande aussi comment ça va. On dit merci au chauffeur du bus quand il nous ouvre la porte pour descendre à l’arrêt demandé. Des voitures ou des passants s’arrêtent fréquemment si vous sortez un plan dans la rue et que vous avez un peu l’air perdu. Il n’est pas rare que l’on vous invite à venir partager un repas chez l’habitant pour peu que vous passiez quelques minutes à discuter avec quelqu’un croisé par hasard. Au départ, tous ces débordements d’amabilité sont déstabilisants et surprenants, et au bout de quelques jours on se demande pourquoi ce n’est pas pareil ailleurs.