Rail trip, part 6
La grande capitale hongroise nous tend les bras ! Le festival du Sziget ne débute que le 9, ce qui nous laisse un peu de temps pour visiter la ville. Enfin, en théorie…
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Dimanche 7 août
Départ de l’auberge de jeunesse après cette nuit fort peu réparatrice. Sandwich sur le pouce à la gare avant d’embarquer pour Budapest, cœur du périple. Arrivés à destination, on décide de réserver les billets de train pour la deuxième partie du voyage, celle de l’après festi. On y arrive en partie, non sans mal, les guichets hongrois ne sont pas vraiment équipés à la pointe de la technologie.
À la sortie de la gare, les taxis nous harcèlent pour nous emmener sur le site du Sziget. [L’afflux de festivaliers est une manne dont ils veulent profiter, mais leur acharnement à vouloir nous emmener nous les rend absolument insupportables. Malgré leur incessante baisse du prix de la course afin de nous harponner, on décide d’utiliser les transports en commun. Peine perdue, ils reviennent à l’assaut avec un petit fourgon, qui peut nous emmener tous les six. On finit par accepter, non sans avoir marchandé un dernier coup. Au final, on traverse Budapest pour 20€ à six (si ma mémoire est bonne), soit trois fois moins cher qu’annoncé au départ.] On pensait que l’île n’ouvrait ses portes aux festivaliers que la veille du Day Zero [c’est à dire le 8 août], en fin de compte il semble que l’on puisse pour 10€ s’installer avant. Plutôt que de perdre du temps à trouver, pour un jour, une auberge ou un camping, on opte pour cette solution. Après les guichets de la gare, nouvelles files d’attente à l’entrée du Sziget, sous un soleil de plomb, pour finalement décrocher le fameux bracelet jaune synonyme de laisser-passer pour toute la durée du festi. Il faut encore poireauter en attendant les fouilles des bagages, et l’on peut enfin entrer dans la place, à la recherche d’un emplacement pour nos tentes. Il y a déjà du monde à deux jours du début officiel des festivités, mais on trouve un bon emplacement à l’ombre, près du Danube (j’écris ces lignes lundi 8 à quelques centimètres du clapotis de l’eau, dans un silence quasi total) et surtout loin du camping français, nouveauté de cette année.
Les Français sont la plaie du festival [pour être honnête et a posteriori, j’ajouterais que les Hollandais imbibés ne sont pas mal non plus. Ce sont les deux nationalités les plus représentées sur le site]. Évidemment, tous sont loin d’être insupportables, mais une large proportion de beaufs gueulards et avinés vient régulièrement troubler la bonne humeur générale par des cris bestiaux et un sans-gêne certain. L’idée de cloisonner le public dans des campings particuliers par pays (même si personne n’a l’obligation de s’y mettre) casse une bonne part de l’esprit melting pot du lieu, grand brassage de multiples nationalités ; c’est pourquoi nous l’avons volontiers boudé d’un commun accord.
À peine quelques pas dans les allées qui sillonnent l’île et l’on retrouve déjà l’ambiance singulière qui nous avait tant séduit l’an dernier, ça sent bon la joie de vivre. Le business semble malheureusement avoir gagné du terrain, adieu exotiques pièces et billets hongrois, tout se paye désormais avec une carte que l’on recharge et avec laquelle on peut payer partout en la passant devant des petites bornes qui font « bip » [ou bien « bip… Non ça marche pas… bip… Réessayez pour voir… bip… encore une fois… bip bip bip bip bip ah c’est bon ». La marche du progrès n’est pas un long fleuve tranquille]. C’est plus pratique, mais ça incite aussi à consommer sans se soucier des prix qui ont pourtant sérieusement augmenté depuis l’année dernière. Retrouvailles émouvantes avec la Dreher (la bière partenaire du Sziget), le Nol City (club ouvert qui se veut vaguement branchouille où passent toujours les mêmes musiques), le stand Axe (pour l’instant pas encore peuplé des bimbos qui y travaillent et aguichent le client) et surtout l’immense scène principale, cœur déjà palpitant grâce à quelques groupes qui chauffent la place. Pas d’excès pour ce soir, on rentre dormir aux tentes, profitant de ce que l’île est encore assez calme. Ça ne va pas durer.
Lundi 8 août
Guillaume [l’autre Guillaume, pas mon frère. Pour pas avoir à le préciser à chaque fois, j’appellerai toujours Guillaume « Guillaume », et mon frère « mon frère », ça me semble une idée de génie] a dessiné la veille un plan de l’Europe sur la tente achetée à Vienne, avec notre itinéraire. À côté, on a inscrit un message incitant les gens à indiquer d’où ils venaient en ajoutant un point sur la carte. Au réveil et après quelques heures, des noms sont déjà venus s’ajouter, on espère qu’elle en sera recouverte à la fin du séjour. Le rythme Sziget s’installe déjà alors que les concerts ne débutent que demain : glande, balades, boisson et bouffe moyennement saine ; le temps s’écoule vite et lentement à la fois.
Départ pour les thermes en milieu d’aprèm [Budapest est une ville thermale, il y en a un peu partout], histoire de se délasser après la fatigue des voyages. On retourne à l’endroit où nous avions été l’an dernier, mais dès l’entrée on voit que quelque chose à changé depuis notre dernière visite : des panneaux estampillés Sziget ostensiblement placés et un employé du festival sont là pour nous accueillir. L’année dernière, pas besoin d’un entremetteur, on allait acheter nous-mêmes nos billets à la caisse comme n’importe quel visiteur, ici il faut attendre l’aval et les inutiles explications du planton. Même topo pour les vestiaires : après un dédale d’escaliers et de couloirs, les vestiaires spéciaux nous sont attribués, dans un baragouin qui se veut à peu près anglais. On a un badge avec un numéro, mais il faut demander pour qu’on nous donne un endroit pour se changer, bref, un peu le bordel. Le Sziget change la donne, le business, toujours, s’immisce un peu plus dans la vie de Budapest. Cette année il existe un bracelet Citypass qui offre un tarif intéressant sur les transports, les thermes, les musées et divers autres avantages. L’initiative est louable, mais là encore elle contribue à faire des festivaliers des gens à part, coupés de la population locale. Je trouve ça regrettable, bien que probablement il s’agisse là, malheureusement, de l’évolution « normale » d’un évènement populaire de plus en plus attractif.
Bien ramollis, on rentre sur l’île d’Óbuda (Óbudai-sziget en hongrois, d’où le nom du festival). Quelques gouttes de pluies, rien de méchant [ce seront à peu près les seules du voyage]. La main stage [« scène principale » pour les anglophobes] est occupée par un groupe local qui fait de la méchante soupe pop-rock avec force chanteuses à poitrines et chorégraphies stéréotypées. Un peu alcoolisé, ça passe presque. La nuit commence à tomber, et s’impose le constat que les deux jours précédents le festival qui devaient théoriquement nous permettre de davantage visiter la ville n’ont pas vraiment été employés à cet effet. À notre décharge, il est extrêmement difficile, une fois le pied posé le pied sur cet îlot de fête et de bonne humeur, de parvenir à s’en extraire. On se console autour d’un verre de SoCo & Kinley (peut-être même plusieurs, parce qu’on était très tristes).
Je triche un peu, ce sont des photos prises le lendemain, mais ça marche quand même.
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