Marine le peine et Jean-Michel a pitié.

J’attends le jour où un journaliste saura interviewer Marine Le Pen sans ressortir les mêmes basses manœuvres, les mêmes vieilles ficelles usées. Un journaliste qui se serait penché sur le programme, l’aurait lu avec attention et en aurait scrupuleusement démonté l’argumentaire caricatural. Puis il laisserait venir Marine Le Pen, en confiance, sans l’agresser, sans la mettre en position de victime.  Et après quelques questions de mise en jambes, il taperait là où ça fait mal, avec des vraies questions de fond. En considérant, pour une fois, que l’auditeur est intelligent, qu’il peut comprendre pourquoi le Front National ne propose pas grand chose qui ressemble de près ou de loin à un futur enviable. Pas en lui brandissant l’épouvantail habituel, « bouuuuh attention grand méchant regardez ils mangent des enfants ! »

Quelqu’un qui n’aurait pas ressorti la compile de Papa Le Pen, ses meilleurs blagues, ses bons mots, tout le monde connaît le spectacle par cœur. Quelqu’un qui, par son attitude et ses questions justes, n’encouragerait pas le téléspectateur lambda, un peu naïf mais plein de bon sens, à se dire « Mais pourquoi on lui coupe la parole comme ça, pourquoi on lui ressort les mêmes arguments pourris, pourquoi le journaliste il est pas capable d’arrêter d’écumer de rage en la voyant, pourquoi il veut l’humilier comme ça ? C’est pas son métier, de poser des questions de fond plutôt que de la jouer duel à mort ? Moi je trouve qu’elle a raison de pas se laisser bouffer, tout le monde est contre elle, on l’empêche de dire la vérité ! ».

Oui, il nous faudrait quelqu’un, venu d’une autre planète, qui saurait faire simplement son métier de journaliste. Quelqu’un qui, par exemple, ne serait pas Michel Denisot :

Oui je sais, je suis vraiment désolé, il est tard et je vous propose une vidéo du Grand Journal, et avec Marine Le Pen en plus. Heureusement j’ai mis la vidéo en taille réduite, comme ça si vous scrollez vite vers le bas vous pouvez faire semblant de pas l’avoir vue, et votre vie n’en sera que plus belle. J’ai aussi fait un jeu de mot de merde en titre pour aider à faire passer la pilule alors bon, venez pas vous plaindre que je fais pas d’efforts.