Rail trip, part 9

Les deux derniers jours de festivités au Sziget, le premier plutôt light, le second surchargé de trucs intéressants. J’écris de plus en plus longues tartines dans mon carnet : on ne se refait pas…

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Samedi 13 août – Day 4

Réveil vers 9h. Trois jours que je dors presque à même le sol  avec mon matelas définitivement crevé. Je file à la douche tant qu’il n’y a pas encore trop de monde.
Les douches au Sziget sont un passage quotidien quasi obligé pour qui veut garder un peu d’estime personnelle. Comme on transpire beaucoup avec la chaleur et les concerts, qu’on marche dans la poussière, c’est une bénédiction. Aller à la douche demande de respecter un certain timing si on veut éviter de poireauter de longues minutes en plein soleil en attendant qu’une douche se libère. Avant 9h, la « circulation » est relativement fluide, entre 9h et 10h, c’est limite, après 10h et souvent jusqu’à 15~16h, c’est la queue pendant un bon moment. La fin d’aprèm et la nuit surtout (quand les concerts sont finis) sont des moments propices, mais on est souvent trop claqués pour y faire halte. L’effet de la douche est bénéfique pendant maxi une heure, après on est à nouveau à peu près aussi transpirant qu’avant.
Aujourd’hui il n’y a quasi plus aucun vent, ciel dégagé, et l’on retrouve les écrasantes chaleurs de l’an dernier. Petit tour au stand merchandising où se vendent à un prix évidemment abusif des pulls, t-shirts et autres fringues et babioles estampillées Sziget. Les designs sont encore plus merdiques et sans imagination que l’an dernier. On achète presque par défaut, et encore faut-il trouver des fringues à sa taille car les plus courantes (M surtout) sont toujours en rupture de stock. Du coup, en ce qui me concerne, je passe mon tour, on verra demain s’ils sont réapprovisionnés. Début d’après-midi tranquille à jouer à Wanted sur une table improvisée avec des pierres au bord du Danube. Le fleuve s’est un peu retiré depuis la montée des eaux des derniers jours, mais demeure encore à un niveau plus élevé qu’à notre arrivée.
Je connais assez peu (pour ne pas dire pas du tout)  les groupes qui passent aujourd’hui. Quelques minutes passées sur la scène principale pour Hadouken! me convainquent de la nullité du groupe. Migration vers la scène A38-wan2 (abréger et prononcer : « OineTou ») pour voir Hindi Zahra. La wan2 est la seconde scène rock après la main stage, s’y produisent les artistes un peu moins connus ou « décalés », rock alternatif ou tout ce qui touche de près ou de loin au rock. C’est un chapiteau, et bien que moins bondé que la Party Arena, on y cuit quand même assez bien. La chanteuse et son groupe livrent une très belle prestation ; même sans être connaisseur, ce qui est mon cas, le concert est vraiment chouette. Chants et instrus aux accents orientaux emportent facilement l’adhésion du public, la prestation est d’autant plus appréciable que nous n’avons pas vraiment jusque là vu de concert où nos oreilles n’étaient pas mises à rude épreuve.

Suite d’aprèm tranquille, pas beaucoup de trucs intéressants me concernant. On tente d’aller voir Lostprophets sur la scène metal, c’est plutôt mauvais. Triggerfinger sur la scène Europe, très bof aussi [enfin, certains ont aimé, moi pas des masses et j’ai assez rapidement déserté la scène]. Je me pose tranquillement sous un petit chapiteau où se produit une chanteuse de blues, rendue difficilement audible par le concert de Trigger juste à côté. Drôle de truc : elle est sans doute sponsorisée par Sennheiser car elle porte un casque audio quand elle chante, quand d’autres sont distribués au public afin de procurer, théoriquement, une écoute optimale. Je teste en chopant un casque qui passe à portée de main : sifflements, crachotements, la pub est remarquablement convaincante…
Tout le monde se regroupe à la fin de Triggerfinger et l’on grimpe sur la petite colline herbeuse face à la scène Europe pour voir le spectacle de théâtre de rue Pan.Optikum, composé de jeu théâtral, chant et danse sur des échafaudages mécaniques mouvants, auxquels se mêlent artifices de feu et feux d’artifices [une vidéo ici pour avoir un aperçu du spectacle que l’on a vu]. On est bien situés, sur notre perchoir de verdure, mais finalement un peu loin pour bien comprendre ce qui se joue devant nous. Qui plus est, j’ai un coup de barre terrible et plutôt du mal à garder les yeux ouverts. Heureusement le très beau feu d’artifices final accompagné des danses des artistes me réveille un peu. Les mous du genou vont ensuite se coucher, on essaie de notre côté d’aller profiter de l’avant dernière soirée sur l’île paradisiaque. Je teste de m’asseoir sur un trône de glace, excellente idée pour avoir le cul trempé toute la soirée. Cocktails bizarres de notre barman fétiche. On s’éparpille dans la nuit hongroise. Retour au bercail vers 4h du matin.

N’oubliez pas que vous pouvez avoir les légendes des images en laissant le curseur sur les miniatures. Je le redis, au cas où…

La tente est recouverte de villes de toute l'EuropeMain stageWantedHindi ZahraWe came to fuckPan.Optikum

 

Dimanche 14 août – Day 5

Réveil le plus tardif de ma semaine au Sziget : 11h. Pas trop mal dormi pour une fois sur mon matelas troué. Petit tour sur l’île, il fait déjà très chaud. Arrêt à la tente Internet pour réserver un camping près de Venise, notre dernière étape du séjour. La tente merchandising n’est pas encore ouverte, ce n’est pas encore à ce moment que j’achèterai un souvenir [au final je repartirai du Sziget sans rien, mais les meilleurs souvenirs sont dans ma tête et sur mon carnet]. Retour au campement après deux heures de sympathiques errances. Nouveau Wanted au bord du Danube, les voisines ne cherchent pas particulièrement à ne pas être vues en venant se baigner à côté de nous : la concentration sur le jeu de cartes en prend un coup. Comme l’indiquent des panneaux disposés un peu partout, les baignades sont interdites, mais malgré les contrôles réguliers sur les berges et en bateau, les sanctions restent assez théoriques. Il suffit de faire deux pas en direction du rivage pour que les membres du staff passent leur chemin [je pense qu’ils vérifient surtout que les gens ne vont pas se noyer au large, barboter au bord ne vous vaudra guère plus qu’un regard méchant et un vague rappel à l’ordre].

Pas mal de concerts potentiellement intéressants prévus aujourd’hui, bien qu’encore une fois je ne connaisse pas grand chose, je me fie surtout aux conseils de mes acolytes. Entame avec Gogol Bordello, des Américains qui n’en ont vraiment pas le look [oui je sais, vive les clichés]. J’en attendais pas grand chose, en fin de compte leurs instruments atypiques (violon électrique, accordéon) donnent un chouette cachet à leur musique rock, au delà du côté entraînant et dansant. On file à la moitié du concert pour voir une partie de Socalled qui joue en même temps sur la Pesti Est (le vrai nom de la scène world). Je connais principalement une chanson du groupe, mais ce n’est vraiment pas un problème. Devant un public clairsemé, les cinq membres de la troupe assurent le spectacle. Le leader à la coupe de cheveux atypique (calvitie sur le dessus, long frisé sur les côté, un peu à la Professeur Tournesol) partage avec nous ses talents de comique, de marionnettiste et de magicien (avec un numéro piqué sur Youtube, précise-t-il). Il manquait à ce festival un moment de complicité comme on avait pu en vivre un l’an dernier avec le show bordélico-provo de Danko Jones. Dans un autre style, Socalled réveille la Pesti Est, un break salutaire au milieu du marathon des concerts de la journée. Sitôt fini, retour sur la scène principale pour The National. Je connais un chouïa (du rock assez dense alternant avec des titres plus posés) ; le concert me déçoit un peu : pas une grande variété de morceaux et ceux-ci sont tous faits d’un rock bien trempé mais somme toute assez conventionnel. Petit temps mort avant Marina & The Diamonds sur la wan2, on en profite pour aller mettre à charger les batteries des appareils photo et des téléphones portables. Ça va être trop juste pour être sur place pour le début du concert, on reste à quatre à veiller sur le remplissage des batteries des bibelots technologiques pendant que Ben et Guillaume partent devant. Quand on arrive finalement sous le chapiteau, il reste une demi heure du concert de Marina & The Diamonds. Je ne connais pas, ce que j’en vois : joli voix, joli minois, belle énergie sur scène et un jeu plutôt sympatoche avec le public, mais pas de quoi fouetter un chat. Départ pour la Pesti Est (on aura bien sillonné l’île aujourd’hui) pour un des rares groupes que je connaissais a minima avant de venir et que j’ai vraiment envie de voir : Cowboy Junkies. Fidèle à sa réputation, la chanteuse et (un peu malgré elle) figure emblématique du groupe semble moyennement à l’aise sur scène. Tenue très décontractée (une grande robe informe), elle murmure presque dans le micro. Pourtant, au fur et à mesure du concert, elle semble prendre de l’assurance et sa voix se fait plus forte. Quelques jolies interprétations des titres de Trinity Sessions, notamment un long jam sur « Working on a Building ». La nuit est tombée, le public relativement restreint nous permet d’être au premier rang, puis de nous asseoir un peu en retrait tout en gardant une bonne vue de la scène. Dernier concert du jour, dernier concert tout court, le Sziget touche à sa fin, et l’ambiance assez intimiste de la prestation de Cowboy Junkies en est une bonne conclusion.

On retrouve ensuite ceux qui ont préféré voir Selah Sue dans la chaleur de la wan2. L’ambiance est un peu nostalgique, mais pas autant que l’an dernier où fin du Sziget signifiait fin du voyage, fin des vacances. Ce soir on lit une fatigue générale sur les visages. On doit partir tôt le lendemain pour prendre un train pour Zagreb, dans une gare de Budapest différente de celle d’arrivée. Marre de faire la fête, marre des incessantes basses de la Party Arena qui tous les soirs se transforme en boîte de nuit géante, jusqu’à 5h du matin. Ben, Guillaume, mon frère et moi décidons de retenter l’Ambient Tent. Partout on démonte et on ferme déjà, les bars ne servent déjà plus grand chose. Il y a de l’électricité dans l’air, les festivaliers d’ordinaire disciplinés mettent le bordel un peu partout. Les allées sont encore noires de monde, on peine à se déplacer. À l’Ambient Tent, on tombe sur une jeune Française toute seule à une table. Elle est un peu perchée, un peu beaucoup. On discute pas mal, elle aussi parcourt l’Europe, avec des villes-étapes un peu similaires aux nôtres en sens inverse. On prend un thé, puis un café ridiculement cher et minuscule (un tiers de shooter à peu près…), ultra concentré et vraiment pas fameux. [On quitte la tente zen pour nous balader un peu dans les allées peuplées de boutiques, où chacun cherche à refourguer un max de trucs avant fermeture. On s’achète de très moches bracelets colorés avec une tête de mort dessus, pour un prix totalement excessif, histoire de dépenser inutilement les derniers forints de nos cartes.] On veut aller aux douches, mais elles n’ouvrent qu’à 5h du matin. Poireautage somnolent devant les tentes. Douches. Dodo, pour une nuit de sommeil d’à peu près une heure.

Un individu normalLes Cowboy Junkies sur la Pesti EstCowboy Junkies dans la nuit hongroise

Les bracelets surpuissants.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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